(La version française suit la version anglaise)
I explore museums. I photograph the works, one at a time, and then make them disappear by superimposing them. I explore cities. I photograph places and monuments with a lens-less camera, a blind camera.
In 2017, during a research residency in Paris, I began Matière noire, a procedural work that unfolds in an extended temporality, a lifetime in fact. Matière noire consists of photographing and superimposing all modern and contemporary visual works in a single digital file until complete black is obtained.
I started Matière noire in a moment of great disarray, while visiting museums surrounded by people who photographed the artworks without really looking at them. I had to find new reasons to continue making art and going to museums. More than a critical entreprise or a reflexion on the post-photographic condition*, Matière noire is a quest for meaning. The resulting images force the gaze to slow down; paradoxically, they are also a material embodiment of disappearance and loss.
In the works section, in addition to Matière noire, you will find other recent or ongoing series or bodies of work, including Lieux-monuments, which also originated in 2017. These various projects are part of an approach to photography that could be described as experimental, the heart of which is made up of the accidental, working blind, blur, the hijacking or failure of specific technical parameters, protocols, repetition, accumulation, mise en abime, and a certain iconoclasm.
I began my art practice as a painter, examining the legacy of modernity, particularly that of abstraction in painting. Although now using digital printing and photographic processes, the mutual emulation and sometimes conflictual relationship between photography and painting continues to nourish my reflections. My research, like that of other artists, contributes to an indetermination and possible expansion of the fields of photography and painting.
— VERSION FRANÇAISE —
Je parcours les musées. Je photographie les œuvres, une à la fois, pour ensuite les faire disparaitre en les superposant. Je parcours les villes. Je photographie les lieux et les monuments avec un appareil sans lentille, un appareil aveugle.
C’est à partir de 2017, lors d’une résidence de recherche à Paris, que j’ai entamé Matière noire, une œuvre protocolaire qui se déploie dans une temporalité longue, celle de toute une vie. Matière noire consiste à photographier et superposer toutes les œuvres visuelles modernes et contemporaines dans un même fichier numérique jusqu’à l’atteinte du noir complet.
J’ai commencé Matière noire dans un moment de grand désarroi, en fréquentant les musées entouré de gens qui photographiaient les œuvres sans trop les regarder. Je dus alors me trouver de nouvelles raisons pour continuer à faire de l’art et aller dans les musées. Davantage qu’une entreprise critique ou une réflexion sur la condition post-photographique, Matière noire est une véritable quête de sens. Les images qui en résultent imposent un ralentissement du regard, mais elles sont aussi, paradoxalement, une incarnation matérielle de la disparition et de la perte.
Dans la section œuvres, outre Matière noire, vous trouverez d’autres séries ou corpus récents ou en cours de réalisation, notamment Lieux-monuments, dont l’origine remonte également à 2017. Ces différents travaux s’inscrivent dans une approche de la photographie que l’on pourrait qualifier d’expérimentale : le travail à l’aveugle, l’accident, le flou, le détournement ou la mise en échec de certains paramètres techniques, le protocole, la répétition, l’accumulation, la mise en abime et un certain iconoclasme en sont le cœur.
J’ai débuté mon parcours d’artiste en tant que peintre, en interrogeant l’héritage de la modernité, plus particulièrement celui de l’abstraction en peinture. Bien qu’utilisant désormais des procédés photographiques et d’impression numérique, l’émulation réciproque et les rapports parfois conflictuels entre la photographie et la peinture continuent d’alimenter ma réflexion. Mes recherches, comme celles d’autres artistes, participent à une indétermination, voire une expansion du champ de la photographie et de la peinture.

*The post-photographic era is characterized by the proliferation of images and their spread on the Internet. « The post-photographic condition » is an expression and book title by Joan Fontcuberta.